De l’apprentissage du langage à la maîtrise de la langue
Une compétence à développer : la compréhension orale
Lorsque l’on évoque la maîtrise de la langue, on pense prioritairement à l’expression écrite et orale, à la compréhension de l’écrit, beaucoup plus rarement à la compréhension orale, or beaucoup de connaissances sont transmises oralement.
De sept à quatorze ans, un élève français passe en moyenne 7700 heures à l’école (« Regards sur l’éducation » OCDE 2007) dont un grand nombre en situation de réception orale, or est-on bien sûr que l’élève comprend ce qu’il entend ? Les difficultés liées à la compréhension orale pourraient-elles alors être parmi les causes de l’échec scolaire, ou du moins un facteur aggravant ?
Quelle place réserve-t-on à la compréhension orale dans le quotidien des enseignements ? Cette compétence, souvent implicite dans les documents de référence, n’a sans doute pas la place qu’il conviendrait de lui accorder dans les pratiques de classe. Elle est cependant nécessaire à l’acquisition et la fixation des connaissances, mais aussi au développement d’autres compétences.
L’utilisation du français en salle de classe ne garantit pas nécessairement la bonne compréhension de ce qui se dit.
Les conditions à réunir, que l’on voudrait rappeler comme points de vigilance pour qu’un message oral fasse sens, peuvent se décliner en connaissances, capacités et attitudes.
Attitudes
A développer chez l’élève,
grâce à des gestes pédagogiques simples de la part du professeur, qui visent à
se mettre dans une disponibilité permettant d’écouter l’autre
respecter la parole de l’autre, attendre son tour de parole
se sentir autorisé à dire que l’on n’a pas entendu ou compris
mobiliser son attention
maintenir son attention malgré les obstacles à la compréhension
mettre en place des rituels afin d’instaurer un climat serein dans la classe ;
préserver les tours de parole ;
ménager des moments de silence qui laissent le temps à l’interlocuteur de mettre en réseau les éléments qu’il vient d’entendre et de demander de l’aide le cas échéant ;
faire percevoir les enjeux et les raisons d’écouter (par intérêt, pour s’informer, pour interagir, par plaisir…) ;
encourager les élèves à écouter l’intégralité d’un message en restant concentrés ;
répéter le message, le faire entendre à nouveau ou le reformuler.
Capacités
A développer chez l’élève,
grâce à des gestes pédagogiques simples de la part du professeur, qui visent à
prendre appui sur le contact visuel et tenir compte de tout élément non verbal (gestuelle ou autre)
organiser l’espace de façon à identifier l’interlocuteur et faciliter le repérage d’éléments non- verbaux ;
Maîtrise de la langue La compréhension orale Nancy-Metz 2012-2013 Page 2
mobiliser les ressources lui permettant de construire du sens
inférer le sens de mots inconnus ou peu familiers
repérer les éléments paraverbaux porteurs de sens (intonation, débit, silences, bruitages, voix)
repérer le découpage de la chaîne parlée en unités de sens
repérer les informations pertinentes
garder en mémoire des informations
combiner les informations en vue d’interpréter le message
utiliser le regard, la gestuelle et occuper l’espace pour capter l’attention du groupe classe ;
annoncer, rappeler ou faire rappeler le contexte dans lequel s’ancre le message ;
faire déduire le sens d’un mot ou d’un message en s’aidant du contexte, de l’étymologie, ou autre ;
solliciter le groupe pour aboutir à un consensus sur le sens du message en évitant les questions fermées ;
faire reconnaître les éléments constitutifs de la chaîne parlée et les faire reproduire ;
énoncer tout message oral en respectant les exigences de la chaîne parlée et en adaptant le ton au contenu du message ;
exiger de la part des élèves une articulation claire et saisir toute occasion de les y entraîner ;
faire percevoir l’enjeu de l’écoute pour aider l’élève à sélectionner les informations pertinentes et accéder au sens ;
varier les démarches et les supports pour aider à la mémorisation de tous les élèves, quels que soient leurs profils (auditif, visuel, kinesthésique..) ;
entraîner l’élève à se concentrer plus longtemps en faisant écouter aussi des messages longs et denses ;
entraîner l’élève à anticiper, à formuler des hypothèses de sens qui seront ensuite confirmées ou infirmées à l’écoute.
Connaissances
A faire acquérir par l’élève,
grâce à des gestes pédagogiques simples de la part du professeur, qui visent à
un lexique précis, riche et varié
une syntaxe rigoureuse
saisir toutes les occasions de faire :
découvrir des mots nouveaux ;
comprendre le sens des mots par le contexte, l’étymologie, la composition, la dérivation…
réinvestir le lexique à bon escient ;
reconnaître le registre de langue utilisé et en mesurer/apprécier les usages, l’intérêt, les effets…;
faire partager le plaisir du mot juste ;
faire identifier tous les indices grammaticaux porteurs de sens (différents types de phrases, temps, modes, connecteurs logiques …)
exiger de la part des élèves des phrases structurées et complètes ;
faire partager le plaisir d’une syntaxe maîtrisée ;
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les règles de la prosodie
un univers de référence
faire percevoir :
le lien entre la ponctuation et le rythme de la phrase ;
les variations de sens en fonction de la prosodie ;
développer et consolider la maîtrise de la prononciation (sons, intonation et rythme) ;
prendre le temps de faire reformuler ou expliciter les notions pour s’assurer que les mots, même les plus courants, renvoient à une réalité partagée ;
ouvrir à l’univers de référence d’autrui, qui n’est pas nécessairement le même pour tous, dans le respect mutuel et la neutralité ;
saisir toutes les occasions :
d’apporter des références culturelles et/ou de les enrichir, en variant par exemple les supports ;
d’ancrer ces références dans le temps et dans l’espace ;
d’entraîner les élèves à percevoir les connotations du lexique ou de la syntaxe pour mieux comprendre l’implicite ;
d’établir des liens entre les différents champs disciplinaires en faisant percevoir leur complémentarité.
Tout acte de parole, dans ou en dehors de l’école, suppose une intention de communication de la part d’un émetteur qui prenne en compte l’interlocuteur.
Pour construire la compétence de compréhension orale, il est important que l’élève soit entraîné à reconnaître cette intention de communication, les visées du message entendu et les effets sur le destinataire induits par les procédés utilisés (dramatisation, distance ironique et humoristique, exagération, persuasion…).
Il est tout aussi important de donner l’occasion aux élèves de s’exprimer pour mieux comprendre, en mettant en oeuvre des situations pédagogiques où l’interaction trouve toute sa place.
La maîtrise de la langue ne peut se construire qu’au travers de situations de communication authentiques qui suscitent chez les élèves le besoin et le plaisir de s’exprimer.
Une compétence à développer : la compréhension orale
Lorsque l’on évoque la maîtrise de la langue, on pense prioritairement à l’expression écrite et orale, à la compréhension de l’écrit, beaucoup plus rarement à la compréhension orale, or beaucoup de connaissances sont transmises oralement.
De sept à quatorze ans, un élève français passe en moyenne 7700 heures à l’école (« Regards sur l’éducation » OCDE 2007) dont un grand nombre en situation de réception orale, or est-on bien sûr que l’élève comprend ce qu’il entend ? Les difficultés liées à la compréhension orale pourraient-elles alors être parmi les causes de l’échec scolaire, ou du moins un facteur aggravant ?
Quelle place réserve-t-on à la compréhension orale dans le quotidien des enseignements ? Cette compétence, souvent implicite dans les documents de référence, n’a sans doute pas la place qu’il conviendrait de lui accorder dans les pratiques de classe. Elle est cependant nécessaire à l’acquisition et la fixation des connaissances, mais aussi au développement d’autres compétences.
L’utilisation du français en salle de classe ne garantit pas nécessairement la bonne compréhension de ce qui se dit.
Les conditions à réunir, que l’on voudrait rappeler comme points de vigilance pour qu’un message oral fasse sens, peuvent se décliner en connaissances, capacités et attitudes.
Attitudes
A développer chez l’élève,
grâce à des gestes pédagogiques simples de la part du professeur, qui visent à
se mettre dans une disponibilité permettant d’écouter l’autre
respecter la parole de l’autre, attendre son tour de parole
se sentir autorisé à dire que l’on n’a pas entendu ou compris
mobiliser son attention
maintenir son attention malgré les obstacles à la compréhension
mettre en place des rituels afin d’instaurer un climat serein dans la classe ;
préserver les tours de parole ;
ménager des moments de silence qui laissent le temps à l’interlocuteur de mettre en réseau les éléments qu’il vient d’entendre et de demander de l’aide le cas échéant ;
faire percevoir les enjeux et les raisons d’écouter (par intérêt, pour s’informer, pour interagir, par plaisir…) ;
encourager les élèves à écouter l’intégralité d’un message en restant concentrés ;
répéter le message, le faire entendre à nouveau ou le reformuler.
Capacités
A développer chez l’élève,
grâce à des gestes pédagogiques simples de la part du professeur, qui visent à
prendre appui sur le contact visuel et tenir compte de tout élément non verbal (gestuelle ou autre)
organiser l’espace de façon à identifier l’interlocuteur et faciliter le repérage d’éléments non- verbaux ;
Maîtrise de la langue La compréhension orale Nancy-Metz 2012-2013 Page 2
mobiliser les ressources lui permettant de construire du sens
inférer le sens de mots inconnus ou peu familiers
repérer les éléments paraverbaux porteurs de sens (intonation, débit, silences, bruitages, voix)
repérer le découpage de la chaîne parlée en unités de sens
repérer les informations pertinentes
garder en mémoire des informations
combiner les informations en vue d’interpréter le message
utiliser le regard, la gestuelle et occuper l’espace pour capter l’attention du groupe classe ;
annoncer, rappeler ou faire rappeler le contexte dans lequel s’ancre le message ;
faire déduire le sens d’un mot ou d’un message en s’aidant du contexte, de l’étymologie, ou autre ;
solliciter le groupe pour aboutir à un consensus sur le sens du message en évitant les questions fermées ;
faire reconnaître les éléments constitutifs de la chaîne parlée et les faire reproduire ;
énoncer tout message oral en respectant les exigences de la chaîne parlée et en adaptant le ton au contenu du message ;
exiger de la part des élèves une articulation claire et saisir toute occasion de les y entraîner ;
faire percevoir l’enjeu de l’écoute pour aider l’élève à sélectionner les informations pertinentes et accéder au sens ;
varier les démarches et les supports pour aider à la mémorisation de tous les élèves, quels que soient leurs profils (auditif, visuel, kinesthésique..) ;
entraîner l’élève à se concentrer plus longtemps en faisant écouter aussi des messages longs et denses ;
entraîner l’élève à anticiper, à formuler des hypothèses de sens qui seront ensuite confirmées ou infirmées à l’écoute.
Connaissances
A faire acquérir par l’élève,
grâce à des gestes pédagogiques simples de la part du professeur, qui visent à
un lexique précis, riche et varié
une syntaxe rigoureuse
saisir toutes les occasions de faire :
découvrir des mots nouveaux ;
comprendre le sens des mots par le contexte, l’étymologie, la composition, la dérivation…
réinvestir le lexique à bon escient ;
reconnaître le registre de langue utilisé et en mesurer/apprécier les usages, l’intérêt, les effets…;
faire partager le plaisir du mot juste ;
faire identifier tous les indices grammaticaux porteurs de sens (différents types de phrases, temps, modes, connecteurs logiques …)
exiger de la part des élèves des phrases structurées et complètes ;
faire partager le plaisir d’une syntaxe maîtrisée ;
Maîtrise de la langue La compréhension orale Nancy-Metz 2012-2013 Page 3
les règles de la prosodie
un univers de référence
faire percevoir :
le lien entre la ponctuation et le rythme de la phrase ;
les variations de sens en fonction de la prosodie ;
développer et consolider la maîtrise de la prononciation (sons, intonation et rythme) ;
prendre le temps de faire reformuler ou expliciter les notions pour s’assurer que les mots, même les plus courants, renvoient à une réalité partagée ;
ouvrir à l’univers de référence d’autrui, qui n’est pas nécessairement le même pour tous, dans le respect mutuel et la neutralité ;
saisir toutes les occasions :
d’apporter des références culturelles et/ou de les enrichir, en variant par exemple les supports ;
d’ancrer ces références dans le temps et dans l’espace ;
d’entraîner les élèves à percevoir les connotations du lexique ou de la syntaxe pour mieux comprendre l’implicite ;
d’établir des liens entre les différents champs disciplinaires en faisant percevoir leur complémentarité.
Tout acte de parole, dans ou en dehors de l’école, suppose une intention de communication de la part d’un émetteur qui prenne en compte l’interlocuteur.
Pour construire la compétence de compréhension orale, il est important que l’élève soit entraîné à reconnaître cette intention de communication, les visées du message entendu et les effets sur le destinataire induits par les procédés utilisés (dramatisation, distance ironique et humoristique, exagération, persuasion…).
Il est tout aussi important de donner l’occasion aux élèves de s’exprimer pour mieux comprendre, en mettant en oeuvre des situations pédagogiques où l’interaction trouve toute sa place.
La maîtrise de la langue ne peut se construire qu’au travers de situations de communication authentiques qui suscitent chez les élèves le besoin et le plaisir de s’exprimer.
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